mardi 10 mai 2011

Au commencement

                     Les vainqueurs écrivent l'Histoire, les perdants l'acceptent.
                                                                                              C'est mal barré pour moi.

La vie commence par un premier battement de coeur, puis un deuxième. Le sang s'écoule dans nos veines, innerve nos muscles ; l'air pénètre nos poumons ; nos yeux s'ouvrent. Avant ça, le silence ; après la mort. Entre les deux, nous. Toute notre vie n'est qu'attente de la fin. Tout ce qui la constitue n'est qu'occupation de l'esprit pour y penser le moins possible.
Merci maman.

C'est dans la mort que je naquis. Ma mère, pauvre pute camée n'avait pas pensé à utiliser de capote le soir où mon bâtard de père l'a enfanté. Ou peut-être était-ce un viol. Peu m'importe. La seule chose qu'il vous faut retenir, est que son corps, tellement niqué par les drogues, a empêché mon développement. Fragile, avec un poumon déchiré, personne n'a parié sur mon compte.
Quasi-mort, le seul sentiment qu'aura eu ma mère à mon égard est du soulagement. Soulagement d'en avoir terminé avec moi. Pour elle, j'étais l'équivalent d'une merde à point pour la chasse d'eau.
Personne ne voulait de moi, j'étais seul.
Il parait que les médecins n'arrivent jamais à lâcher prise. Ma mère ne pas m'a pas mise au monde, le médecin oui. Je ne peux concevoir être sorti d'un trou sentant la moisissure et pouvant accueillir trois Monster Cock en même temps. Le médecin, lui, m'a rendu ce qui me revenait de droit : La vie.

Après ça, ma mère ne m'a jamais revu. Sans même me prendre une seule fois dans ses bras, sans même un adieu, elle m'abandonna. Elle me laissa une seule chose, un prénom à la hauteur de sa réputation, Meth. Probablement parce que ça lui rappelait les fois où elle devait sucer des bites pour avoir sa dose. Elle adorait ces moments. La dose d'adrénaline précédant le tombé de rideau.
Garce.

On m'a dit un jour qu'on ne choisissait pas sa vie et sa famille. Triste ironie, je retiens l'enculé qui m'a sorti cette phrase toute faite. C'est donc seul que je subirai la Vie, seul que j'affronterai mes ennemis, seul que je fêterai mes anniversaires, seul que je vivrais ma déchéance, seul que je mourrai.
Enfin, il y a moi et il y a vous. Mais vous ne pouvez rien pour moi...

Enchaîné par ma faiblesse, la roue du destin s'était déjà mise en branle. Je n'ai pas pu empêcher ma mère de partir, je n'ai rien pu faire quand on m'a emmené aux services sociaux. Je n'ai pas pu leur dire que mon enfance allait être foutu, que du mot famille je n'en connaîtrai que l'aspect, et que mes parents ne seraient jamais vraiment les miens. Je n'ai pas pu leur dire que j'allais sûrement tomber, vu ma chance, sur une famille incestueuse à tendance pédophile qui ne manquerait pas la moindre occasion de me péter le fion. De toute façon, même si je pouvais parler, ils ne m'écouteraient pas. Ils pensent toujours avoir raison.
Alors, pourquoi lutter ?

Je hais ce corps de chiard, mais à ce moment de l'histoire, je ne pouvais m'y soustraire.
Petit à petit, tel un château de cartes, le destin posait ses pierres pour préparer la vie merdique que j'allais me taper. Dieu doit bien se foutre de ma gueule right now.

Peu importe les brimades que je subirai, je serai toujours le dernier debout.
Par chance, dans ce gros fuck qu'était mon début de vie, n'ayant pu trouver de famille d'accueil, on me mit dans un orphelinat. Au moins, mon fion était en sécurité.
Là, les jours se succèdent, personne ne prête attention à nous. Nous n'existons plus. On est comme du bétail prêt à passer à la casserole. Et ceux qui ne remplissent pas les conditions sont condamnés à errer sans but. Pour mettre toute ma chance de mon côté, il me fallait jouer le bébé modèle. Même si je ressemblais plus à une sorte d'hybride toxico, je pouvais au moins jouer la comédie. Je devais taper dans la famille haut de gamme. Et la première étape du bébé modèle, c'est fermer sa gueule.

                Les vainqueurs écrivent l'histoire... La Métis me sera fort utile, donc.
Si je ne peux rien contre mon statut de bâtard abandonné, contourner l'obstacle ne sera pas une difficulté. Mon début de vie marquant d'une pierre blanche les évènements à venir, j'ai peur de ne pas pouvoir me soustraire au chemin tout tracé que la vie me réserve. Marcher dans les traces de ma mère...
 Pitoyable. Reprends-toi.

           La seule raison qui te pousse à écrire, c'est parce que tu veux être maître de ton destin. Et pour se faire, ça commence par fermer ta gueule dans ce berceau.

              J'aime à penser que les gens me ressemblent. Je hais les pleurs de bébés, ceux qui te réveillent au milieu de la nuit parce que bébé veut bouffer. On dit qu'un enfant est la plus belle chose qui puisse arriver. Laissez-moi rire. Je peux réfuter cette affirmation grâce à deux points. Un, il suffit de voir ma situation actuelle et deux, j'ai du mal à imaginer que des parents puissent supporter les pleurs et les merdes incessantes de leur môme sans avoir envie d'égorger le premier truc qui leur passe dans la main.
Vu que je ne suis pas maître de mon anus, je pourrai pas m'empêcher de chier, mais la fermer, ça c'est à la portée de n'importe qui. Enfin, pas vraiment, mais au moins, je pourrai me faire remarquer au milieu de toutes ces chialeuses. Au pire, on me prendra pour un autiste. Mais je ne suis plus à ça près de toute façon.

               Le plus dur dans un orphelinat, ce n'est pas la solitude que l'on doit supporter, ce n'est pas ce qui nous entoure, ce n'est pas les nourrices qui doivent accorder autant de temps à chaque bébé. Le plus dur, c'est la nuit. Tous les sons sont multipliés par dix, le renfermement laisse place aux lamentations. Moi, le marmot silencieux, faut que je me tape la cacophonie de pleurs et de cris. Un succédané d'opéra rock pour les pauvres. On a tous une mère camée qui nous a laissé tomber, faut savoir tourner la page. Peut-être qu'ils veulent m'emporter dans leur torpeur. Devenir traumatisé, très peu pour moi. Faut que je me tire d'ici.

          L'espoir arriva un jour d'été, après avoir passé plusieurs mois dans ce taudis. Cet espoir, c'était des parents adoptifs. L'espoir d'un semblant de vie normal. Même si de parents, ils n'en auront que le nom, ça fera l'affaire. Du moment qu'ils ont de la thune et qu'ils me cassent pas les couilles. Ces deux oiseaux rares, c'était Colette et Adam, deux artistes sur le déclin. L'une était autrefois une photographe reconnue, exilée du métier depuis l'affaire des photos homophobes, l'autre était peintre, le genre à faire des croûtes et à vivre sur le dos des autres. En bref, deux bon bobos parisiens prêt à n'importe quoi pour avoir un gamin. Deux ratés prêts à offrir leur faible savoir. Comme c'est mignon.

L'une ne pouvait enfanter à cause d'une ligature des trompes, l'autre ne pouvait engrosser à cause de son impuissance et de sa stérilité. C'est pour ça qu'ils m'ont choisi.
Au moins, mon fion était en sécurité.

Les vainqueurs écrivent l'histoire... Ah Ah...


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire