samedi 14 mai 2011

La loi de Murphy

Mon ami a des goûts de merde.

C'est la première pensée qui me vient à l'esprit.
Pourtant, je ne me prétends pas au dessus des autres.
Mais, il faut bien avouer que Damian a des goûts de chiottes.
Je lui lance une de mes célèbres piques cyniques dont j'ai le secret, pour bien lui faire comprendre que la soirée à laquelle il nous a emmenés, Lou et moi, manque d'ambiance et donc d'intérêt.
Je le regarde et lui dis :  «  Jamais deux sans trois ».
Il me fixe d'un regard circonspect, puis prend cette pose habituelle, pour réfléchir au sens de ma phrase.
Après dix minutes d'intense réflexion de sa part, je lui explique.
J'aime beaucoup Damian, mais quand on traîne ensemble, il se passe souvent la même chose. A savoir que la soirée est nulle.
Il me propose de sortir et souvent je refuse. La plupart du temps par flemme et par envie de cultiver mon côté asocial, mais, parfois, parce que je sais qu'il va me proposer un plan foireux.
Ce fut le cas trois fois d'affilée, ces deux dernières semaines.

La première fois, c'était dans un bar pour me présenter les deuxième année de son nouveau DUT, mais comme par hasard, ce soir-là, personne n'est venu.
La deuxième fois, il m'a proposé d'aller à une exposition de nuit, « un genre de vernissage », m'a-t-il dit. Le sujet : « Tatouages criminels russes ». Je dois avouer que cette fois-là, j'étais un peu emballé. Je m'attendais à voir des gros mecs baraqués pas commodes avec plein de tatouages du Christ sur fond de Kremlin et de Kalashnikov. Je pensais que j'allais ressortir du studio pour gerber, tellement j'aurais bu de Vodka. J'ai crû que j'allais lever 2 tops Russes, que je les ramènerais chez moi pour un threesome et que je snifferais de la coke entre leurs seins. Bien sûr, le hasard faisant bien les choses, la malédiction touchant notre duo frappa encore ce soir-là.
On arrive à l'adresse donnée par le flyer, aucun panneau, juste un pakistanais tirant sur sa clope, nous disant que l'expo se trouve au fond de la cour, premier escalier à gauche.
Damian dit en riant : «  Tiens c'est peut-être chez quelqu'un », mais je ne ris pas, je me dis « merde Dieu, soit cool pour une fois ». Mais le jour où Dieu sera cool, les femmes n'auront plus besoin de sortir habillées. En conclusion, c'est un bien bel enfoiré.
L'expo est bien dans une sorte d'appartement, et quand je passe la porte,
je m'aperçois que l'appart' en question ne fait pas plus de 50 m², qu'il y a dix photos se battant en duel, et que les invités sont plutôt bizarres. Mention spéciale aux deux Robert Pattison gothiques sortis tout droit d'un Twilight du pauvre. Bien que cette saga soit déjà assez merdique, imaginez-vous la chose. Deux gays, une mèche de cheveux à la main entrain de parler de gros criminels russes.
« -Qu'il est musclé monsieur méchant !
- J'en ferais bien mon quatre-heure sur fond de Gojira.. »

Ça fait rêver.

Nous sommes arrivés à 20H00, nous sommes repartis à 20h10. Et inutile de préciser qu'on avait 30 minutes de trajet en métro pour y aller.

Bref, tout ceci pour en venir à la soirée où je me trouve actuellement. Le genre de soirée où les jeunes de mon âge se retrouvent habituellement.
Quoique de mon point de vue, il existe deux types de soirée :

  • La soirée « dance », que je préfère appeler « soirée pour écervelés». Dans celle-ci, qui touche surtout les jeunes de 15-17 ans ( plus vieux, faut commencer à penser à la santé mentale de la personne ), on a pour volonté de sortir tout les soirs en « boite ». C'est-à-dire, en gros, danser toute la soirée dans un espace fermé, sans air, surpeuplé et où la chaleur est insupportable. Beaucoup d'entre vous pourraient comparer ça à la prison, je préfère le comparer au repas de noël.
  • La soirée « posée », touchant plus les jeunes de 18-22 ans, se traduit par un regroupement de jeunes pseudo-intelligents en mal d'amour, cherchant à refaire le monde et à oublier leurs problèmes à l'aide d'herbes et d'alcools.

Entre ces deux soirées, mon choix est vite fait.
Voir des gamines se trémousser sur une piste de danse et se frotter contre le pantalon de leur compagnon, telles des chattes en chaleur me file la gerbe.

Bref, tout semblait bien parti pour passer un bon moment, grâce au nombre incommensurable de clichés réunis dans la même pièce.
A la base, l'appartement où je me trouve actuellement appartient à un pote de DUT de Damian qu'il voulait me présenter.
Lou voulant à tout prix sortir ce soir-là, je n'ai malheureusement pas pu refuser.

Ces clichés, revenons-y car, après moult soirées passés à être observateur plutôt qu'acteur, j'en suis venu à me demander quels éléments et personnes étaient nécessaires à la réussite d'une soirée « posée », et voici ce qu'il en ressort.


Tout d'abord :

  • Ce genre de soirée se déroule toujours -ou pour la plupart du temps- chez papa-maman, mais ceux-ci ne sont pas là. La présence de notre trio d'amis Herbe-Shit-Alcool fait bien sûr partie de l'équation. On s'emmerde tellement dans une époque où l'on a tout à portée de main que la seule chose qui nous reste à faire, c'est s'oublier dans la drogue et l'alcool pour oublier notre ennui.
  • La musique, qui doit être la seule raison pour laquelle je me déplace, fait souvent honneur aux années 70-80 mais malheureusement, toujours avec cette superficialité qui fait tâche à mes yeux. Ecouter du Supertramp ou du Pink floyd c'est sympa, mais ce n'est que le reflet d'un mimétisme contagieux. Où sont les Saints, Jethro Tull ou Rush ?
    A noter aussi la phrase qui reviendra souvent dans une conversation :
    « Tu connais pas ce groupe ? Nan, c'est pas vrai, tu connais pas ?? »
    A croire que celui posant la question a inventé ce groupe, alors que deux jours plus tôt son père lui faisait découvrir. Hypocrisie...
  • On peut ensuite parler du genre de personnes cohabitant dans cet espace. Je pourrais mentionner que dans ce genre de soirée, tout les types savent jouer de la guitare et que toutes les nanas savent chanter, l'inverse pouvant s'avérer vrai aussi. Qu'il y a toujours un couillon qui se prendra pour un intello et qui te sortira des mots à deux balles comme « Cartésien » en pleine discussion pour faire bien. Tout le monde dira « ouais » mais toi, tu le regarderas en te disant «  Mais c'est qui ce con ? ». Qu'il y aura toujours aussi la nana bourrée avec une bière qui attends de se faire mettre par tout les mecs. Sauf que personne ne voudra jamais d'elle, à part le plus désespéré d'entre nous.

Malheureusement, ce genre de personne transpire la superficialité par tous les pores. Leur look, leurs conversations, et leur pseudo-intelligence en sont la preuve.
Dans ce genre de soirée, les personnes les plus intéressantes sont celles de l'ombre.
La meilleure amie d'une copine, qui n'a pas sa place ici.
Le mec mystérieux qui ne parle à personne, pas même à lui-même tellement il est défoncé.
Et il y a les types comme moi, les observateurs, plus communément appelés « les blasés » par le reste des gens de la soirée. Alors qu'ils ne comprennent pas que c'est juste qu'on les trouve trop cons pour partager une discussion avec eux.
Les blasés ou ce genre de personnes dont le cynisme et le recul sont tellement forts qu'il est toujours à propos d'effectuer une distanciation.

Dans cette soirée où Damian, et où tous les clichés d'une « bonne » soirée s'entremêlent, ne connaissant personne, j'observe. Et je m'ennuie.
Les 2 joints consécutifs n'ont eu aucun effet, et le mal de crâne a pris le pas sur la raison.
Damian sourit mais ne parle à personne.
Pourtant, ce sont ses collègues. Il s'ennuie, ça se voit.
Contrairement à nous deux, Lou est de nature sociable. Elle pourrait engager la conversation avec un congolais sourd, aveugle et muet, et ils deviendraient quand même potes.
Ce soir-là, je n'aimais pas la façon dont certains la regardaient.
Je suis quelqu'un de jaloux par nature
Mais vers minuit et demi, elle me regarde et me dit :
- Je suis crevée, Meth. On rentre ?
- OK.

Soulagé, je me tourne vers Damian pour savoir s'il veut nous suivre.
Il accepte.

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